Actuellement, nous sommes tellement nostalgiques de ces vielles épiceries "modernes" que tout écomusée qui se respecte en présente une reconstitution, avec ses plaques publicitaires émaillées, son comptoir massif avec sa superbe caisse enregistreuse, et toutes ces odeurs d'épices qui devaient faire rêver les petits périgourdins et leur faire imaginer des pays lointains où ils auraient peu de chance d'aller. 

Quel succès lorsque le photographe DAUDRIX, de Sarlat, arrivait dans le village afin de prendre quelques clichés pour l'édition de cartes postales. Pas moins de 37 habitants de tous âges sur le premier cliché, et  23 sur le second !  Pour une commune qui ne comptait que 825 habitants en 1913.

Je vous mets au défi de pouvoir tirer un cliché aujourd'hui avec autant d'habitants au beau milieu de la rue centrale... à moins que vous puissiez bloquer la circulation. 

Tous ces braves gens devaient être loin de pouvoir s'imaginer qu'un siècle après ils seraient présents sur le net , s'offrant à la curiosité et à l'admiration nostalgique d'une multitude d'internautes...

Ces petits commerces se trouvaient au lieu-dit LA GRAVETTE, sur la commune de SOURZAC. Aujourd'hui, la RN 89 contourne (heureusement!) ce petit hameau . Mais le restaurant, tout comme l'épicerie mercerie bureau de tabac, ont depuis longtemps disparu...

Vous voyez le "petit chemin" derrière la fontaine? C'est désormais la RN 89, axe principal entre BORDEAUX et PERIGUEUX ! On imagine ainsi difficilement refaire de nos jours un tel cliché... "Allons , mamie, tu n'as plus toute ta tête ! mettre les enfants si près de la route, avec toutes ces voitures !"

La fontaine est toujours là aujourd'hui, mais semble bien décrépie et tout à fait abandonnée (il faut que je fasse attention, car en tournant la tête chaque fois que je vais à PERIGUEUX, je risque causer un accident...).

Et tout près se trouvait un lavoir où les femmes du coin venaient régulièrement battre leur linge et raconter les dernières histoires du village. Imaginaient elles à quoi ressemblerait quelques décennies après le chemin sur lequel elles devaient pousser leurs brouettes sans trop se préoccuper du "trafic routier"... ?

En ce tout début du siècle dernier, il était souvent fait appel à des photographes professionnels pour réaliser les clichés des cartes postales , qui étaient par la suite diffusées par les éditeurs locaux . Et ces photographes étaient parfois de vrais artistes, comme le prouve le cliché ci-dessus. Tout y est parfait : cadrage, disposition des personnages, lumière... l'ensemble nous restituant pleinement un siècle après cette atmosphère de longueur du temps qui passe, avec surtout une absence totale de stress...

Le travail semblait portant bien rude, mais il se déroulait sur toute la journée, et sans cette contrainte de rapidité et d'objectifs à atteindre et à dépasser chaque année...